Syngue Sabour – Pierre de patience

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Vous êtes-vous déjà demandé quel livre, s’il ne devait y en avoir qu’un seul, vous emporteriez partout? Lequel partagerait tous vos voyages si la valise était trop petite pour en emporter plus?

Voilà le mien. une évidence, dès la premières lecture. Peu après en avoir entendu parler par un proche, je l’ai eu en main. D’un trait, je l’ai écoulé. D’un trait, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen que celui de laisser les mots se précipiter. Les laisser aller et se laisser aller.

Parce que les mots d’Atiq Rahimi nous filent entre les doigts. Ils sont beaux, merveilleusement bien choisis. Nous emmènent violemment parfois dans une histoire bouleversante. Et c’est ça qui est magique, se retrouver peu à peu au cœur des pensées de cette femme d’ « Afghanistan » ou d' »ailleurs ». Cette femme qui est tout, le temps d’un livre. Celle sur qui tout repose et sans qui rien de ce qui nous est raconté n’arriverait. Face à cette force féminine, les lettres s’alignent pour former des mots, des phrases, des paragraphes.

Alors oui, une page peut faire l’effet d’une claque. D’un frisson dérangeant, ou d’une bombe. Puissante. Autant que l’est la rage intérieure de la femme, qui s’extériorise peu à peu. Cette rébellion, révolte est passionnante. Ils viennent par vagues, les mots qu’elle a tant cachés, avalés, retenus. J’avais envie de lui chuchoter, vas-y, hurles. Déchires. Alors que ses emportements nous rendent crédules au départ, tout comme sa gène qui suit, on se surprend à en vouloir plus. Qu’elle explose, la pierre de patience qu’elle a été toutes ces années.

Par son écriture, Atiq Rahimi nous donne à voir avec poésie une situation inconfortable, révoltante. On évolue dans les méandres troublés de la pensée de la femme. Comme dan une danse, qu’elle écrirait à chaque instant, au fil des lieux et des émotions donnés. on pense à cette femme, puis à toutes les autres. Cette femme, c’est une amie, on voudrait l’aider, la délivrer. On s’en souvient longtemps après, de sa force aussi.

Le cadre épuré des décors, dialogues entre personnages, bruits extérieurs comme intérieur rend le tout encore plus appréciable. C’est vide matériellement et plein à craquer émotionnellement, ça déborde. et l’auteur nous fait confiance pour créer ça.

Si par hasard, après la lecture du livre, vous êtes tentés d’en voir l’adaptation cinématographique, n’hésitez pas. La beauté des couleurs chatoyantes est incroyable, tout comme la sublime Golshifteh Farahani.

Lou.