Des Hommes et des Dieux

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Ce film réalisé par Xavier Beauvois est magnifique, à tous points de vue.

Tout d’abord, il est tiré d’une histoire vraie. Cette dimension documentaire me plaît énormément, puisqu’elle permet d’en apprendre sur des événements relatés assez clairement. Aucune volonté de parti pris dans les différents groupes qui s’opposent dans le film. Le réalisateur et tous les acteurs du film se sont approprié le sujet pour en faire ressortir ce qu’ils en ressentent, et c’est empli d’honnêteté.

Le monastère de Thibirine (je sais pas si le film a réellement été tourné là-bas) permet un cadre exceptionnel aux abords d’un petit village algérien et de grandes étendues désertes. On respire autant que les prieurs la tranquillité du lieu et son isolement paisible. Par la fraîcheur du soleil, le vide des pièces et des alentours, Xavier Beauvois permet de laisser toute la place à ses acteurs, afin qu’ils envahissent l’espace. Un peu comme dans Syngue Sabour où la concentration sur le personnage est au maximum grâce à ce vide. Ici cependant les couleurs sont beaucoup moins appuyées.

Et ces acteurs apparaissent tout au long du film avec une justesse surprenante. La bonté se lit dans leurs yeux, et se boit dans leurs paroles. Chacun a bien défini son rôle dans le monastère, et contraste subtilement avec son voisin dans son jeu. L’effet de groupe est donc remarquable, les scènes de réunion prenantes et pesantes. Ils réussissent à nous parler, sans aucune volonté de moraliser le discours, de respect, de foi, de doutes, de vie en communauté. Le tout dans une simplicité surprenante.

C’est sûrement l’un des éléments qui me fait apprécier d’autant plus le long-métrage. Sa capacité à nous mêler à la communauté et son quotidien en rentrant dans le questionnement perpétuel, tout en restant comme les personnages, incroyablement sereins.

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Les mises en scènes sont, on le sent, plutôt symboliques, notamment par rapport à la hiérarchie des prieurs et leurs rôles pré-définis.

Et enfin, cette scène finale, l’apogée de tout ce que l’on ressent dans le film. Tout lâche, sentiments, douleurs, doutes, dans un silence bouleversant, rythmé par la mélodie du Lac des Cygnes. On a en face de nous des portraits on ne peut plus vrais et honnêtes grâce au cadre choisi. Le moderato de la musique nous entraîne peu à peu dans ce qui semble alors inévitable. Et cette sérénité est bel et bien toujours présente, insatiable.

On ressort en plein doute nous aussi, de la lumière du soleil algérien en tête, et des bribes de conversations que l’on tiendrait avec ces hommes prieurs pour notre plus grand bien.

Sur ce lien, vous pourrez suivre l’une de mes scènes favorites, bien représentante de l’atmosphère qui règne et de la volonté de ne pas s’encombrer de tout ce qui n’est pas essentiel:  https://www.youtube.com/watch?v=pr-cDhvzMk0

Lou.

Juste avant le bonheur

Je passais et repassais devant sans jamais l’acheter mais pourtant quelque chose m’attirait dans ce livre, le titre et le résumé au dos m’intriguait… Et puis on me l’a offert!

J’ai découvert une histoire bouleversante entre des personnages tous très différents les uns des autres mais dans lesquelles on se retrouve. J’étais heureuse de trouver un livre où je ne devinais pas la fin à l’avance (ça arrive souvent…), à chaque chapitre j’étais surprise de ce qui se passait et cela me donnait encore plus envie de savoir la suite..

J’ai été touché par Julie, par sa force et par les personnages qui virevoltent autour d’elle. Le hasard joue beaucoup dans l’histoire, les choix de Paul, Jérome et des autres font de l’histoire ce qu’elle est … la vie.

Humour, tendresse, émotion, tristesse, drame, sentiments, relations humaines, rapport aux hommes. C’est un bon résumé de ce livre.

Je crois que c’est le premier livre où j’ai autant pleuré et souri… Et c’est un roman que l’on a envie de rouvrir à peine fermé car il fait du bien !

Jade.

Syngue Sabour – Pierre de patience

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Vous êtes-vous déjà demandé quel livre, s’il ne devait y en avoir qu’un seul, vous emporteriez partout? Lequel partagerait tous vos voyages si la valise était trop petite pour en emporter plus?

Voilà le mien. une évidence, dès la premières lecture. Peu après en avoir entendu parler par un proche, je l’ai eu en main. D’un trait, je l’ai écoulé. D’un trait, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen que celui de laisser les mots se précipiter. Les laisser aller et se laisser aller.

Parce que les mots d’Atiq Rahimi nous filent entre les doigts. Ils sont beaux, merveilleusement bien choisis. Nous emmènent violemment parfois dans une histoire bouleversante. Et c’est ça qui est magique, se retrouver peu à peu au cœur des pensées de cette femme d’ « Afghanistan » ou d' »ailleurs ». Cette femme qui est tout, le temps d’un livre. Celle sur qui tout repose et sans qui rien de ce qui nous est raconté n’arriverait. Face à cette force féminine, les lettres s’alignent pour former des mots, des phrases, des paragraphes.

Alors oui, une page peut faire l’effet d’une claque. D’un frisson dérangeant, ou d’une bombe. Puissante. Autant que l’est la rage intérieure de la femme, qui s’extériorise peu à peu. Cette rébellion, révolte est passionnante. Ils viennent par vagues, les mots qu’elle a tant cachés, avalés, retenus. J’avais envie de lui chuchoter, vas-y, hurles. Déchires. Alors que ses emportements nous rendent crédules au départ, tout comme sa gène qui suit, on se surprend à en vouloir plus. Qu’elle explose, la pierre de patience qu’elle a été toutes ces années.

Par son écriture, Atiq Rahimi nous donne à voir avec poésie une situation inconfortable, révoltante. On évolue dans les méandres troublés de la pensée de la femme. Comme dan une danse, qu’elle écrirait à chaque instant, au fil des lieux et des émotions donnés. on pense à cette femme, puis à toutes les autres. Cette femme, c’est une amie, on voudrait l’aider, la délivrer. On s’en souvient longtemps après, de sa force aussi.

Le cadre épuré des décors, dialogues entre personnages, bruits extérieurs comme intérieur rend le tout encore plus appréciable. C’est vide matériellement et plein à craquer émotionnellement, ça déborde. et l’auteur nous fait confiance pour créer ça.

Si par hasard, après la lecture du livre, vous êtes tentés d’en voir l’adaptation cinématographique, n’hésitez pas. La beauté des couleurs chatoyantes est incroyable, tout comme la sublime Golshifteh Farahani.

Lou.

Le magasin général

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Qu’il est difficile de choisir parmi toutes ces œuvres si magnifiques…J’aimerai vous dire « Lisez-les toutes! », ou « Laissez-les vous construire comme elles l’ont fait pour moi et continuent de le faire ». J’hésite aussi entre une envie de tout vous conseiller, par flots de BD, romans, ou me résigner pour ne vous choisir que la crème de la crème…Et en bande-dessinée, ça devient très difficile.

Je vais donc vous parler de l’une d’entre elles…Dont le dernier tome (Oh non…) est sorti cette année. Ce n’est autre que « Le magasin général » !  La fameuse, de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp. C’est ma sœur (non, une autre, la grande), qui m’en a parlé. Eh bien, on la dévore comme on dévorerait un pancake au sirop d’érable pantoute!

Oui, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai accroché directement. Notre-Dames-des-Lacs, le village où se passe presque toute l’action des 9 tomes, se situe au Québec! Toutes les répliques sont donc agrémentées de superbes mots de vocabulaire qui nous transportent. Ostie! Certaines devraient être cultes.

Naturellement, on ne peut s’empêcher de s’attacher aux personnages. Marie, Serge, Ti-Guy, tous autant qu’ils sont. Ils font preuve d’une grande simplicité, redoublée d’une singularité étonnante qui en font des caractères inoubliables. Pour un scénario comme celui du Magasin général, c’est on ne peut plus parfait. Ce déploiement lent des évènements est loin d’être ennuyant. Sûrement est-ce l’un des éléments qui fait que l’on s’attache. Ça nous parle du quotidien avec subtilité, et sensibilité. Sans rentrer dans le mélodrame. Avec un humour grinçant et à foison, sans redondance.

Ah ce que j’aimerai ça, danser le charleston avec eux au beau milieu du magasin, là!

Alors allez-y, plongez la tête la première dans la neige, ou dans l’odeur du sirop d’érable. Sans hésitations, swinguez aux rythme des années 20 au fin fond du Québec!

Lou.

Un tout petit rien

En me baladant dans une librairie, ce roman m’a tapé dans l’œil, j’ai espéré qu’il parlait de grossesse et en tournant la page… mon instinct s’est révélé bon. Je me suis dépêchée de l’acheter et l’ai finis le lendemain. Et j’ai adoré !

C’est l’histoire de Camille, 25 ans, elle tombe enceinte et se retrouve avec un choix très important à faire. Garder l’enfant ou non ? Tout au long du roman différentes personnes de son entourage sont là pour l’aider (ou pas), pour lui donner leur avis…

J’ai aimé l’écriture, ces petits morceaux de vie qui nous plongent dans la tête de Camille. Et petit à petit on comprend son choix, j’arrivais facilement à me mettre à sa place. les moments où elle parle à son enfant sont très beaux. J’ai trouvé une légèreté dans les mots, de la joie, de l’amour et aussi beaucoup de réflexion…

Grâce à ce genre de livre, je comprends pourquoi la grossesse me fascine, c’est quelque chose de tellement humain, un sujet sur lequel on peut se poser 1001 questions mais où il y aura toujours une part magique et incompréhensible.

Bonne lecture !

A découvrir aussi, le blog de Camille Anseaume   http://www.cafedefilles.com/

Jade

Bang Bang

Découvert à Premiers Plans en janvier dernier, ce court-métrage est une merveille!

Julien Bisaro, le réalisateur, est en fait conteur. Il nous murmure à l’oreille l’histoire d’Eda, une jeune femme vive, qui reçoit par son père un bel appartement en ville le jour de ses 25 ans… Bang Bang, pourrait être une histoire de celles que l’on se raconte à voix haute, de mère en fille, de générations en générations.

C’est tout cela que j’ai aimé. Le sujet me parle beaucoup, il fait écho à une lecture du moment qui est celle de « Femmes qui courent avec les loups ». Les images sont épurées, et pourtant pleines d’histoire. J’ai aimé la poésie qui nous transporte, notamment par le rythme du chant des oiseaux ou des souffles d’Eda. On pourrait presque courir avec elle, suivre la louve, notre instinct. C’est simple, tout paraît maîtrisé, si réel. Et ce dernier plan surtout, inoubliable, celui d’Eda et son instinct, s’éloignant, sur la chanson folklorique de Jean Ritchie.

Alors n’ayez plus peur, prenez la route d’Eda, suivez-la et laissez-vous envahir par le doux frémissement des arbres, allongé sur le dos de votre loup.

BangBang

Pour voir le court-métrage complet, voilà le lien:  http://cinema.arte.tv/fr/article/peng-peng

Lou

Bienvenue !

Pour l’humour de Woody Allen, les couleurs de Wes Anderson, autant que pour les plans de Wong Kar Waï et sa musique. Pour les livres de Frédérique Deghelt, à ceux d’Harlan Coben, en passant par ceux de Sorj Chalandon. Et tant d’autres…

Nous souhaitons partager, sur ce blog, entre nous et avec vous nos coups de cœur, nos envies et avis . Toujours avec bonne humeur et légèreté, nous échangerons sur la littérature, le cinéma et la musique. Bouquin tout juste terminé,  film rangé sur une étagère depuis des années…tant que l’on a aimé on vous en parle !

Tous conseils ou critiques de votre part sont les bienvenus !

Lou & Jade, Jade & Lou